J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
Adapté d’un roman de Guillaume Laurant, (publié en 2006 sous le titre Happy Hand, au #Seuil), sur une main amputée qui tente de rejoindre son corps, J’ai perdu mon corps est un film d’animation poétique sur l’abîme de la solitude, la fragilité des souvenirs, la perte de ce qui nous est cher, et l’inconsistance du présent. « C’est vraiment en le réalisant que j’ai aimé cette possibilité que m’offrait le film de passer d’un registre à l’autre, de l’action au sensoriel, du thriller au film d’épouvante… C’est le sujet en soi qui imposait de mélanger les genres, et ça, c’était un vrai bonheur » précise Jérémy Clapin, qui cinéaste reconnu pour ses courts-métrages animés au climat étrange et aux personnages mal dans leur peau, aime passer par le corps métaphore de la solitude.
Dans J’ai perdu mon corps, un va-et-vient entre passé et présent nous invite à réfléchir à la fatalité dans la vie de Naoufel, un jeune homme qui rêvait d’être à la fois pianiste et astronaute, et qui devient, après la mort de ses parents, livreur de pizzas. On découvre au fil d’une narration serrée, l’accident qui l’ampute et cette main incarne la détresse affective de ce jeune homme, un peu paumé, auquel elle appartient et qu’elle cherche à retrouver. Sa rencontre via un interphone avec Gabrielle, une bibliothécaire est une lueur joyeuse dans ce film intimiste et mélancolique d’une beauté pure, à la fluidité hypnotique mêlant le trait léger du dessin animé et le réalisme des images de synthèse.
J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin / 1h22min (2019)