Lettre d’amour sans le dire – Amanda Sthers
Alice a 48 ans. Elle a toujours eu l’impression d’être comme au Japon, un noppera-bô, un fantôme sans visage. Brisée affectivement dans sa jeunesse, elle aspire à être « réparée », à aimer, à sortir d’une boucle temporelle infernale, et entrevoit, soudain, la possibilité du bonheur. Elle tente un saut dans l’inconnu : écrire à Akifumi, un homme délicat, pour vivre enfin, et connaître l’amour. A travers cette longue lettre émouvante qu’elle écrit à ce masseur japonais, elle tente, avec ses mots, de sortir d’une carapace qu’elle s’est forgée au fil des années.
« Komerebi », c’est par ce mot que les Japonais désignent la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres , et, de ce roman filtre des rêves, des sensations nouvelles, des sentiments, des blessures, et aussi de très belles pages sur le Japon, le parfum de ses thés, les arômes de ses pâtisseries, la richesse de ses mots et de sa littérature. Un rayon de soleil finit toujours par réussir à traverser les bois les plus sombres : cette longue lettre émouvante, qu’Alice écrit à Akifumi est cet interstice lumineux. Cette belle lecture, avec son tempo particulier, est une peinture toute en subtilité du Japon. Amanda Sthers restitue le mystère de ce pays et l’attraction qu’il exerce sur nous, occidentaux. Sous sa plume, oscille l’optimisme et la mélancolie, comme les deux polarités masculines et féminines, ou celles du yin et du yang.
Amanda Sthers- Lettre d’amour sans le dire / Grasset, 140 pages, 14,50 € (ebook : 9,99 €).