The art of loving (1978) de Maria Sadowska, une pépite
Un film, un débat
«L’art d’Aimer» (The Art of Loving) de Maria Sadowska projeté sur les écrans lors du CinEast est un film au rythme trépidant et très émouvant.
Michalina Wisłocka, l’héroine du film, tente éperdument de faire éditer son livre : l’art d’aimer et se heurte aux instances politiques et religieuses en Pologne. Elle dispense des conseils à qui veut bien l’entendre pour une sexualité épanouie des hommes et des femmes.
Vous n’avez pas suivi le débat, après le film «L’art d’Aimer» (The Art of Loving) de Maria Sadowska? Voyez le film, le 20 octobre avec à l’esprit l’essentiel de questions soulevées lors du débat qui a suivi la projeciton du film le 8 octobre à l’abbaye de Neumünster.
Anne Schaaf (AS) est une journaliste indépendante qui écrit sur des sujets culturels et sociaux. Au cours de ses études d’histoire, elle a beaucoup travaillé sur le féminisme et la sexualité dans l’historiographie. Le sujet de sa thèse était la campagne «Por-NO» d’Alice Schwarzer et la « révolution sexuelle » en Allemagne. Isabel Scott (IS) a complété sa maîtrise en études de genre à la London School of Economics and Political Science en 2013. Elle est actuellement chargée de créer le premier centre luxembourgeois dédié à la promotion de la santé sexuelle à l’échelle nationale. Lors de son temps libre, elle présente une émission de musique hebdomadaire à Radio Ara.
Le combat mené par Michalina Wisłocka est-il achevé?
Martyna Adamska, (ci-dessous sur la première photo) organisatrice du débat a interrogé tour à tour Anne Schaaf et Isabel Scott. sur les sujets de l’éducation, du sexe et du pouvoir, du nouveau conservatisme, du rôle des réseaux sociaux, de l’actuel discours au Luxembourg et des effets de la révolution sexuelle. Tout un programme !
Isabel Scott (IS) et Alice Schwarzer ont constaté que le discours sur la sexualité n’est toujours pas libéré même si de multitudes d’informations existent et que le chemin sera encore long jusqu’à l’égalité de la femme. La révolution sexuelle n’était pas une vraie révolution, mais plutôt une « vague commerciale« . Il n’y a pas en Pologne de changement sociétal, la sexualité est toujours une préoccupation soulevée récemment par la politique sur le sujet de l’avortement.
Il y a toujours un tabou autour du plaisir féminin ou du corps. C’est un sujet qui est difficile à mettre en mots.
Le film l’Art d’aimer donne l’impression que l’obstacle principal pour la publication du livre était lié au fait que les officiels (communistes masculins) craignaient la perte de leur pouvoir. Le sexe c’est toujours un sujet dangereux, il y a (eu) des campagnes anti-porno et il y a les des points de vue d’ experts différents qui pensent que la pornographie ne compromet pas la société et ceux qui disent aussi le contraire. Il faut dire également que l’industrie de la pornographie a une force capitaliste gigantesque et représente un grand potentiel de violence.
L’éducation sexuelle à l’école est limitée à l’aspect biologique, à la reproduction et à la contraception. Il manque du coup l’approche holistique qui comprend plusieurs perspectives : études de genre, linguistique, sociologie, droit, médécine, économie, etc…
Le projet d’ Isabelle Scott (initié par le gouvernement Luxembourgeois et partie de la stratégie nationale de la promotion de la santé) approche le sujet d’un point éducatif, car c’est la première étape pour ouvrir le discours.
L’éducation ce n’est pas seulement pour les enfants ou les adolescents, mais également pour les adultes, les parents, les professeurs. Il y a toujours des personnes qui ont des problèmes pour nommer les parties de corps.
C’est Michel Foucault qui constatait (pendant les années 70) que la première fois qu’on parlait de sa vie sexuelle c’était pendant la confession. Le sujet a toujours eu du coup, une connotation négative pour les femmes ainsi que pour les hommes.
Au Luxembourg où des milieux culturels, des religions et des origines différentes se réunissent, il y la possibilité d’inventer une nouvelle langue commune sur sujet. C’est un défi de société, à relever !
Propos recueillis par Julia Wack, Equipe du festival CinEast